Chapitre 3 : Combat au sommet

[Suite de "Chapitre 2 : A la recherche des émeraudes du chaos" dans Mystic Mansion]

Le mage aurait du être mort. Mais il avait survécu, il ne savait pas comment. Tellement incroyable qu’il n’en revenait pas. Quelques gouttes de la potion étaient parvenues à ses lèvres, lui donnant la force de tendre une main convulsive, et blanche, telle la porcelaine, pour se saisir de la fiole salvatrice. Le revoilà debout, prêt au combat. C’est là qu’il découvrit le carnage. Le démon gisait sur le sol, sans tête. La tour, à moitié éventrée, donnait sur un gouffre venteux, agité un peu plus tôt d’une terrible tempête, et le lierre avait recouvert le château… On ressentait encore des bribes du déferlement de pouvoir. Que s’était-il passé ? L’enchanteur se tenait désormais en face du vide, et contemplait l’horizon. La boussole était dans sa robe de mage. Et la veste calcinée de son camarade… Il s’approcha des haillons et vida les poches… Une baguette de sortilège indéfini qu’il pourrait imprégner avec quelque magie, des pièces d’une monnaie inconnue, des fragments de magilithe, une deuxième fiole, un dessin de Sonic… Tout était plein de magie. Annulant le sort de traque lancé sur l’énergie du magilithe plus tôt dans le donjon, l’ensorceleur ramassa la pierre de feu, la glissa dans son sac avec la boussole, la fiole vide et les objets d’Alexis. Grâce au blouson de son ami, il lança un sortilège de localisation… Quelle ne fut sa surprise de le repérer à Ice cap. Il reprit le guide incantatoire, qui ne répondait plus. Il lui faudrait bien du temps pour se recharger…

Dans un éclair de lumière apparut une jeune femme, aux cheveux brun, scintillants, ondoyants tel de l’eau. On ne pouvait pas définir leur longueur ou leur forme… Ils apparaissaient à la fois courts et longs, frisés et raides. Et tandis qu’elle s’approchait, Arcturius aperçut ses yeux, d’une couleur indescriptible, incroyable. Elle souriait mais ne disait rien. Elle toucha le front su mage qui se sentit instantanément gonflé à bloc, avant de disparaître en lui faisant un clin d’œil. Il se sentit soudain pousser des ailes, au sens propre comme au figuré, et comme dans un réflexe, il décolla. Passant par le toit inexistant désormais, il scruta l’horizon. La magie qui lui permettait de voler était très ancienne, plus encore que le monde et que le terme désignant désormais le mana. Sans en être certain, il le savait, tout cela et autre chose : Cette fille était son destin. Il l’avait enfin rencontrée…

Le paysage qui défilait sous lui était un panorama onirique, à base de forêts, océans d’émeraude interminable, de fleuves et de ruisseaux. Les volcans côtoyaient les plaines, les villes fleuretaient avec la campagne. Ice cap, cette immense montagne, brillant de milles feux sous les rayons du soleil ardent, illumina les pupilles de l’enchanteur. A Arcadia, rien de tel, des cercles concentriques bleutés à perte de vue. Devant lui, autour de lui, partout, des lambeaux de magie, noire, blanche, rouge. Toute l’énergie du monde avec la trace d’un seul être : Alexis… La boussole possédait des pouvoirs inimaginables. Le magicien se posa en douceur et ses ailes disparurent. Il crut voir la silhouette de celle qui l’avait aidé précédemment. Une ombre fugitive, qui disparut soudainement. Il se dirigea dans sa direction, puis il vit une autre image de sa destinée. Elle marchait, telle une danseuse, sur la neige. Elle ne semblait rien peser.

*C’est une hallucination… J’en suis certain. Je suis en train de rêver, j’ai été sauvé, je suis dans le coma, je vais me réveiller…*

Pensa le mage. Immédiatement, la jeune femme se tourna dans sa direction, un air de reproche sur le visage, releva la tête, une mimique outrée aux lèvres et disparut.

*Elle boude ?*

Pensa avec surprise le mage. Incroyable. Il se mit à l’appeler :

« Euh… Excuse moi ! Je suis désolé de t’avoir vexée… »

Aucune réponse ne lui parvint.

*Pourquoi je m’excuse auprès d’une illusion, moi ?!*

Arcturius reprit son chemin. Ses bottes s’enfonçaient dans la neige, et il commençait à avoir froid. Il aperçut une grotte, dans laquelle il entra. Il faisait bien meilleur à l’intérieur, mais ce n’était pas suffisant. Le mage alluma un feu. Sans savoir pourquoi, il se sentait comme insulté. Il avait l’impression qu’un immense affront lui avait été fait, que son honneur était entaché. Le jeune Arcadien se sentait… Déconsidéré. C’est sur cette morne pensée que le mage se rendit compte qu’il était fatigué. Il ne l’avait pas compris avant.

*On ne peut pas être fatigué en dormant… Alors… Je ne rêve pas ? admit-il. Elle existe…*

Il se roula en boule près du foyer ardent et s’endormit.

A son réveil, les flammes s’étaient éteintes et une couverture avait été jetée sur lui. En se levant, il aperçut celle qui représentait sa destinée, endormie, à côté de lui. Cette présence lui fit plaisir, mais elle n’était pas couverte. Doucement, il l’enveloppa dans le drap qu’elle lui avait donné, rallumant le feu sans bruit, et il sortit. Il n’avait soudainement plus froid. Ou bien il divaguait, ou bien il avait une boule de chaleur dans le ventre. Ce devait être une sorte de source d’énergie, de puissance qui le réchauffait. C’était une sensation nouvelle pour le mage. Bien sûr, il s’était déjà « bien sentit » avec des gens, comme sa collègue Issilinia, ou Karl, qui étaient ses meilleurs amis, ou avec sa sœur Illiterriel. Mais la, c’était différent. Il ne se sentait pas « bien ». Il se sentait merveilleusement, incroyablement, inhumainement bien. Mais lorsqu’il s’éloignait de la grotte, la sensation retombait. Il expérimenta, pour voir jusqu’ou il pouvait aller en gardant la chaleur, puis décida d’attendre le réveille de la jeune femme pour reprendre la route. Elle se réveillait bientôt, ses narines chatouillées par l’odeur d’une infusion de plantes magiques que préparait le mage. Sortant une paire de bols en arcanèse ouvragée, le magicien lui versa un peu de la potion, remplit son propre bol et se mit à boire à petites gorgées. Voyant que sa nouvelle compagne de route ne touchait pas à sa boisson, il en conclut qu’elle n’avait pas soif. Il pensa que, du fait qu’elle n’avait pas dit un mot depuis leur rencontre, il lui demanda :

« Pourquoi ne me parles-tu pas ? »

Elle se décida enfin à s’exprimer :

« Normalement, nous ne devons pas intervenir chez les humains… Mais l’un d’entre nous à changé ta destinée, et celle de ton camarade. Il vous a empêché de mourir, mais par sa faute, ton ami est corrompu…

- C’est toujours toi qui t’occupe des questions d’erreur de destin ? Ou c’est parce que cela me concerne ?

- Le fait que l’on m’ai liée à toi… N’avait aucune influence sur la décision des anciens. J’ai fais une erreur, je dois la réparer, mais le fait est qu’en plus, j’ai commis cette erreur pour t’épargner… »

Elle baissa les yeux.

« Il n’était jamais arrivé qu’une gardienne s’attache à sa projection…

- Une gardienne ? » demanda le mage.

« Tu représente quelque chose. Tu n’est pas un simple humain. Tu es le réceptacle de la sagesse. Et je suis la gardienne de la sagesse. Les humains possèdent des gardiens, chacun possédant une fonction. Mais si l’humain est le réceptacle d’une émotion, on lui désigne un Nétaliet. Je suis une Nétaliet, et on me nomme Atheimiria.

- Ainsi donc, je suis ta représentation… terrestre ?

- Exact. Et ton ami est en train de tuer son gardien, car il est devenu autre chose que lui-même. Il n’est pas dans son état normal, tu comprends ? Tu lui a donné tellemnt de pouvoir qu’il et devenu fou, et son essence négative. Si nous n’agissons pas vite, le gardien mourra, et s’il décède, Alexis aussi. C’est assez paradoxale que de se tuer soi même. Enfin, Lorsque je dis qu’Alexis trépassera, ce n’est pas tout à fait vrai. Il se transformera en une créature assoiffée de puissance, incapable d’émotions positives.

- Mais… Avec la magie de la boussole, enfin, ta magie, s’il devenait entièrement maléfique, le monde n’aurait plus qu’a s’incliner devant sa domination totale ?

- Oui… » déclara-t-elle d’un air triste.

Un grand silence s’installa, jusqu'à ce que l’Arcadien décide de le briser :

« Tu vas m’aider à sauver Alexis, Atheimiria ?

- Nous ne sommes qu’une seule âme dans deux corps… Deux êtres complémentaires. Donc, de toute façon, je vais t’aider. On fera route ensemble, jusqu'à ce qu’il soit guéri… Et même après ! »

Ce disant, elle fit un joli sourire, auquel répondit l’arcadien par un clin d’œil, identique à celui qu’elle lui avait fait à leur rencontre.

« Tu n’as pas intérêt à mourir, sinon, on me changerait d’assignation… Et je commence à bien t’aimer ! » déclara sa gardienne.

Arcturius se mit à ranger rapidement les affaire, touché par ce compliment, et ils se mirent en route.

*Je sais pourquoi je me sens si bien. C’est parce que j’étais incomplet. J’étais un demi-être. Et maintenant… Il ne me manque plus qu’une chose.*

Pensa l’Arcadien en reprenant sa route vers le sommet, accompagné de sa nouvelle amie Nétaliet.

Hors Jeu - Eh ben dis donc, l'un devient fou, l'autre se dédouble (oui, bon, c'est pas exactement ça, je sais, mais bon). On est pas prêt de la trouver, cette émeraude !!! - Hors Jeu

Le démon s'était envolé jusqu'aux plus hauts sommets de Ice Cape. Il avisa une paroi qu'il transperça d'un seul coup d'épée, lui faisant une petite grotte dans laquelle il se réfugia.

Il se sentait mal. Un peu comme... divisé. Les émotions négatives avaient prit le dessus, mais des émotions positives, subsistaient encore.
Et elles se battaient.

Il se mit à réfléchir. Quand Alexis est seul, c'est ce qui arrive asez souvent. Ce démon étant Alexis, cela ne posait aucun problème pour les deux parties.

Alexis se réfléchit donc. Mais un véritable chaos reignait dans sa tête. La partie négative voulait songer à la conquête, à la puissance, au pouvoir, mais la partie positive faisait exactement le contraire.

Un mal de crâne épouvantable s'installa. Le démon, nerveux, faillit prendre une de ses épées et se trancher la tête, mais il arriva à se contrôler.

Il fit l'inventaire de ses nouveaux pouvoirs : il avait grandi, il pouvait voler, ses lames tranchaient tout et n'importe quoi, il maîtrisait la magie de la lumière, des ténèbres, du feu et avait conservé son don pour la nature.
Ses sens étaient devenus dix fois plus importants, excepté le goût qui lui, avait disparu.

Le démon devait se calmer. Même les plus grand démon du mal doivent savoir se calmer pour penser à la suite des évènements.

Il s'envola pour aller prendre l'air.

Il remarqua qu'il ne sentait plus non plus le froid.

Son état était tellement terrible qu'il n'en prit pas conscience.

A mesure qu’ils montaient vers le sommet, les difficultés s’accumulaient. Trois jours après l’épisode de leur rencontre, ils avaient largement eu le temps de se raconter leurs vies respectives… Et d’épuiser les provisions. De plus, les effets sort qu’avait lancé Atheimiria pour les protéger du froid s’estompait, et les bottes d’Arcturius étaient usée. Ils n’avaient cessé de se mouvoir, en permanente ascension. Le mage avait appris que sa gardienne était une jeune Nétaliet en formation, et qu’en effet, elle était à l’origine de la chaleur et de sa sensation de bien être, par le biais d’un sort qu’elle avait lancé.

Le premier jour, ils furent pris dans une tempête de neige. Mais grâce a l’enchantement d’Atheimiria, cela ne leur posa aucun problème. Le blizzard dura toute la journée, et ne se calma que le soir venu. Il leur fut possible de dormir à même la neige grâce au sortilège Nétaliet. Le soleil brillait sur La nuit étoilée veilla sur eux telle une mère protectrice, et ils purent reprendre la route au matin, le ventre plein d’une boisson **mot grossier typique de la population toulousaine**çue par Arcturius.

Le deuxième jour, ils aperçurent au travers de la couche nuageuse qui commençait à les envelopper, le vol majestueux d’un dragon des glaces. Son souffle froid créait des ondes glaciales, et le reflet du givre sur ses ailes bleutée éblouit les deux compagnons. Les crocs de la créature, tels des lames d’argent, luirent, et à cet instant précis, les deux voyageurs prient conscience de la puissance de destruction de la créature. Mais il savaient aussi qu’elle ne ferait pas le poids contre un démon armé d’énormes épée magiques…Le soir, déjà, les effet de la magie d’Atheimiria s’estompaient, et ils durent dormir dans une grotte pour se protéger du gel qui les menaçait.

Le troisième jour, leur bonne humeur commençait à disparaitre vivement pour laisser place à la sensation douloureuse émanant de leurs pieds et à la morsure du froid qui s’insinuait sous leurs vêtements. Ils ne parlaient que très peu, et Arcturius commençait à sérieusement manquer de plantes et autres ingrédients alchimiques. Au soir, il se réfugièrent dans une caverne et allumèrent un feu. Arcturius tenta de racommoder ses bottes qui n’étaient pas faites pour la marche à pieds, tandis que son amie Commençait à chercher de formules en chimérique pour ramener Alexis à la raison. Tout les moyens seraient bons.

Le lendemain, l’ascension se prolongea, malgré leurs membres endoloris. Ils dépassèrent ce jour-là la couche de nuage qui leur masquait les sommets, et distinguèrent au loin une longue chaîne de pics enneigés. Bientôt, la lumière du soleil les éblouis et ils purent apercevoir, jusqu'à l’horizon, les monts aux pointes blanches, et, dans la brume, une forme immense, pourvue de deux ailes, qui se déplaçait. *Probablement le dragon* pensaient-ils avant d’apercevoir le monstre ailé à leur droite. Ils en restèrent pantois, le souffle coupé. Ils toucheraient bientôt à leur but, si la forme était toutefois ce qu’ils craignaient. Ils se remirent bientôt en route, marchant le plus rapidement possible.